Nous allons présenter la mentalité malgache en trois dimensions dans cet article.
La mentalité malgache en trois dimensions (3D)
Nous allons présenter la mentalité malgache en trois dimensions dans cet article.
D'abord, la première dimension, c'est son premier axe de largeur : le temps. On remarque que notre façon de faire, façon d'être se détachent progressivement de notre vraie valeur culturelle depuis belle lurette. Exemple, à propos des proverbes sur la solidarité tels que "Akanga maro tsy vakin'amboa" ou "Velona iray trano maty iray fasana" ne se pratiquent plus que dans le but de se tromper ou de jouer à l'opportunisme envers les autres. Cette dégradation de mentalité évolue dans le temps car plus le temps passe, notre façon d'être se dégrade.
Deuxième dimension, c'est sa hauteur et sa profondeur et les hiérarchies. La preuve c'est que tous les dirigeants qui se sont succédés ne finissent toujours qu'à remplir leurs poches et jamais de dialogues pour une continuité de l'État pour que le peuple reste le débiteur de leurs bavures et l'intérêt national un vain mot. Cette dimension se trouve aussi au niveau familial pour des parents qui se servent de leur fille pour gagner de l'argent que cela soit direct (prostitution) ou indirect (mariage intéressé).
Troisième dimension, c'est son deuxième axe de largeur : l'espace. Les citadins malgaches ont tendance à traiter facilement de retardés les gens du monde rural autant que les Malgaches expatriés vers les pays industrialisés qui traitent gratuitement de non civilisés les nationaux qui ne sont jamais sortis de notre île. Toutefois, il faut savoir que monsieur ou madame le (a) citadin(e) a beaucoup de caractères qui freinent notre développement comme le manque d'honnêteté dans l'exercice de la profession (éthique professionnelle), l'égoïsme qui va souvent vers le comportement de corrupteur ou de corrompu. Il en est de même pour les expatriés malgaches ou ceux qui sont sortis de l'île et qui y reviennent.
Concrètement, il ne faut jamais croire que le Malgache, qui a vécu dans les pays dits développés, possède un caractère d'un bon Européen, d'un Nord-Américain ni d'un bon Japonais qui sont des ressortissants d'un pays dit "civilisé".
Les faits sont là pour prouver que seules, quelques habitudes ont changé telles que les habitudes de consommation ou de travail mais notre valeur sociale et "culturelle" caractérisant un ressortissant d'un pays pauvre persiste encore même à l'étranger. Par exemple en France, là où il y a le plus de diaspora malgache, le concept de foko est encore très en vogue et personne ne peut dépasser cette bassesse d'esprit qui mine notre société bien que cette division soit déclenchée intentionnellement par quelques personnes à leur profit. La plupart des Malgaches qui sont là en restent encore des victimes. Toutefois, ce sont ces gens là qui traitent nos concitoyens de non civilisés.
Deuxième cas concret est la mentalité de "Ory hava-manana" qui fait de la communauté malgache à l'étranger l'une des plus faibles car tous ceux qui agissent par la bonne foi pour rehausser notre image sont souvent victimes des petits coup de sabotage et des dénigrements à cause de la jalousie. En comparant aux autres communautés comme la communauté maghrébine (Tunisie, Algérie, Maroc) ou la communauté chinoise, on constate que notre communauté n'apportera jamais le même support que ces communautés apportent à leur propre pays. Si les pays comme la Tunisie, le Maroc, l'Algérie ou la Chine sont maintenant sur la voie de sortie du sous-développement, c'est parce que leurs diasporas jouent un rôle crucial même dans le transfert de savoir, dans l'attraction des investisseurs ou la création d'entreprise vers leur pays. Contrairement à la nôtre qui reste un simple ghetto pour organiser des petites rencontres à l'occasion des fêtes ou des rencontres sportives, mais jamais d'actions dans le but de résoudre notre honteuse pauvreté chronique. Cependant il faut noter que ce n'est pas tous les Malgaches à Madagascar ni à l'étranger qui ont cette mentalité. Il reste qu'une majorité constitue encore des éléments de blocage car ceux qui ont pensé à aider Madagascar doivent maintenant se trouver hors jeu. Cette mentalité est présente aussi bien localement (Madagascar) qu'à l'extérieur. En conclusion, dans l'espace, les Malgaches sont en moyenne les mêmes, et la solution vient de l'autodiagnostic de chacun de nous.
in www.haisoratra.org
Franck Rahari
L'express de Madagascar (courrier des lecteurs) du 15-11-05