You are here

MERCI CHER CARDINAL

Nampidirin'i superadmin ny Mon, 20/03/2006 - 09:02

Ce bref article en l’honneur de notre estimé cardinal Armand Gaétan RAZAFINDRATANDRA ne pourra en quelques mots saisir la grande œuvre de sa vie.

[b]MERCI CHER CARDINAL[/b]

Ce bref article en l’honneur de notre estimé cardinal Armand Gaétan RAZAFINDRATANDRA ne pourra en quelques mots saisir la grande œuvre de sa vie. Les mots ne suffiront pas pour exprimer en langage humain la grandeur de sa personnalité et de son action. Après avoir fêté d’une manière particulière les 80 ans de ce « Ray aman-dReny » que tous ont apprécié, nous venons de vivre les événements marquant sa renonciation au gouvernement de l’Archidiocèse d’Antananarivo, l’avènement de son successeur et son retrait à Besalampy, nouvelle terre de mission pour ce patriarche infatigable.

Comme c’est la première fois dans l’histoire de l’Eglise catholique à Madagascar qu’un cardinal part à la retraite, les avis partageaient. Pour les moins initiés à la vie et à la structure hiérarchique de l’Eglise, cet événement a été commenté en parallèle avec le contexte œcuménique et politique du pays. Mais en réalité, le Cardinal, devenu Archevêque émérite d’Antananarivo, garde son titre de Cardinal de Madagascar. Il continuera selon ses possibilités à s’acquitter des offices cardinalices et à apporter son concours au Pape dans le gouvernement de l’Eglise universelle.

Le Cardinal Armand a vécu un parcours bien plein : 52 ans de sacerdoce, 28 ans d’épiscopat et 12 ans de cardinalat. Il a assumé avec beaucoup de zèle incomparable la fonction épiscopale pendant 16 ans pour l’Eglise diocésaine de Mahajanga, avant de revenir au bercail pour être à la tête de l’Archidiocèse d’Antananarivo pendant près de 12 ans. Il n’a cessé de mettre en évidence l’ambition sous-jacente à ses activités abondantes de ces plusieurs années : « qu’ils soient un ». Un devise épiscopal qui invite d’abord selon lui-même à la communion entre les trois composantes de l’Eglise catholique (prêtres, religieux(ses), laïcs), pour s’étendre après à tout effort oecuménique en vue du témoignage commun de tous les disciples du Christ à Madagascar. Ainsi, presque toutes les interventions publiques du Cardinal convergent autour de ce thème qui lui est cher : ses homélies, ses lettres pastorales à ses diocésains, ses conférences et écrits plus élaborés, les nombreuses causeries et la catéchèse hebdomadaire à la radio don Bosco d'Antananarivo… Même s’il ne se sentait pas la vocation d’écrivain, il a écrit pour répondre à des questions d’ordre pastoral et ecclésial. Il a plus la réputation d’un grand orateur qui sait convaincre et rassembler avec son talent d’humour édifiant. S’il a osé de temps en temps parler avec cette fermeté qui fait trembler les uns et dérouter les autres, c’est pour clarifier sans ambiguïté la position de l’Eglise catholique sur des questions délicates notamment dans le domaine moral ou politique. Il s'est toujours comporté comme garant de la justice sociale et comme défenseur des petits.

En effet, la vie du Cardinal Armand se ramène à une histoire simple, marquée par l’unité que lui confère sa totale consécration à ses divers engagements. Pour ceux qui le connaissent de près, ses caractères marqués par l’austérité et ses ambitions parfois complexes n’étaient finalement que les fruits d’un cœur d’or et paternel, ainsi que d’une générosité inépuisable. Symbolisant l’incarnation progressive d’une Eglise qui se veut malgache, il a toujours manifesté sa volonté de promouvoir une chrétienté et un clergé de qualité en nombre et en sainteté. Son arrivée à l’éméritat est sans aucun doute le couronnement de tant d’années de labeur et l’aboutissement de tant d'efforts en vue de l’unité pour laquelle il se battait durant toute sa vie sacerdotale et épiscopale.

Nous estimons aussi dignes de mention les travaux qu’il a accomplis au service du Saint-Siège ainsi que sa fidélité aux Successeurs de Pierre. Il a été nommé évêque par Paul VI ; mais il a à peine connu le regretté Jean Paul I. Il était surtout l’ami du défunt Pape Jean Paul II dont il a su gagner la pleine confiance. Le nouveau Pape Benoît XVI lui est familier depuis les réunions des cardinaux où les Ratzinger et Razafindratandra se côtoyaient à cause de leurs noms. Elevé à la dignité cardinalice en novembre 1994 et doté du titre de la Basilique des saints Sylvestre et Martin des Monts, le Cardinal Armand fait partie du Sacré-Collège des conseillers du Pape. Il a été nommé membre de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples depuis 1994 jusqu’ici, et membre du Conseil Pontifical pour les Laïcs de 1994 à 2002. Et jusqu’en décembre 2005, il était membre du Comité de présidence du Conseil post-synodal pour le Synode d’Afrique. Il a été mandaté par le Pape Jean Paul II comme Légat Pontifical pour le représenter personnellement et agir en son nom lors de la célébration du centenaire de la mission d’Antsirabe en 1997. Il a pleinement participé à toutes les Congrégations Générales des cardinaux après la mort de Jean Paul II, et au Conclave élisant l’actuel pape Benoît XVI. En plus de ses nombreux voyages à Rome, il a sillonné surtout l’Europe, l’Océan indien et l’Afrique. Dernièrement, il a pu se rendre en Terre Sainte avant son départ à la retraite pour inaugurer la plaque de la traduction œcuménique en langue malgache du Pater au Monastère des sœurs carmélites. Partout où il passe à l’extérieur, il ne cesse de visiter les diaspora malgaches et les encourager. Voyageur infatigable, il a rapporté de ces différents périples la conviction accrue qu’on n’a pas le droit d’être fatigué.

Au Vatican, on connaît le cardinal Armand comme un vrai pasteur, un homme du terrain qui, malgré sa stature qui semble fragile, est doté d’une personnalité incomparable et d’expériences inédites. Ses interventions lors des différentes réunions au Vatican sont toujours remarquables et appréciées. Lors du Synode africain en 1994, son exposé sur l’inculturation de la foi chrétienne à partir de la réalité malgache du « fihavanana » comme lieu d’expression de l’être et de l’agir des malgaches, a connu un vrai succès. Il a été souvent invité à donner sa contribution personnelle lors de réunions de haut niveau organisées par le Vatican, pour ne citer par exemple que parmi les plus récents. Il a brillamment parlé lors de la Conférence des Ambassadeurs africains organisée en mai 2004 à Rome autour du thème « le développement social et économique de l’Afrique à l’heure de la mondialisation ». Sa contribution fut remarquée aussi lors du Symposium mixte des deux Conférences Episcopales d’Afrique et d’Europe à Rome en novembre 2004 sur la coopération entre les Eglises des deux continents.

Parmi ses activités personnelles à Rome, le suivi des dossiers de demande de béatification et de canonisation des héros de la foi catholique à Madagascar lui est toujours cher. Son engouement et son zèle parfois débordant commencent à donner des fruits quant à l’espérance de l’avènement de la canonisation de Victoire Rasoamanarivo et de Jacques Berthieu, et de la béatification du Vénérable Frère Raphaël-Louis Rafiringa. En juin 1999, il a conduit en pèlerinage à Rome et auprès du Pape tous les chefs des Eglises chrétiennes de Madagascar, un événement œcuménique sans précédant selon certaines confidences de la Curie. En juin 2003, le nouveau Président de la République de Madagascar a pu, grâce à lui, rencontrer le Pape Jean Paul II et recevoir sa bénédiction. Avec lui, toutes les portes du Palais Apostolique s’ouvrent facilement, si bien qu’il bénéficie souvent d’un traitement exceptionnel même si sa demande d’audience avec le Saint-Père arrive en dernière minute.

Le florilège des souvenirs et des témoignages recueillis auprès d’amis et collaborateurs du Cardinal est loin d’être épuisé. Ce qui invite à une ultérieure commémoration amicale et studieuse de ses œuvres. Puisse cette brève commémoration le combler de sérénité et d’honneur. Très vénéré et cher Cardinal, au nom de l’Archidiocèse d’Antananarivo, de ses prêtres et de ses fidèles, nous vous remercions de tout cœur de ce que vous avez été pour nous, de ce que vous avez fait pour nous. Et encore nous vous redisons « ad multos annos ».